Plongez au cœur de la richesse culturelle des peuples Basa’a-Bati-Mpo’o
✏️ : Adonis Minoué NDJEE
Nous ne pretendons pas detenir la preuve scientifique la plus irréfutable ou le fait anthropologique le plus établit. Nous proposons toutefois des pistes de reflexion et des temoignages d’une histoire encore complexe, heritée de la tradition orale et dévaluée par le fait colonial. Aussi, s’appuyant sur les recherches de l’historien Kanguè Essiben, nous pouvons affirmer que Les traces les plus anciennes de la présence des peuples Basa’a-Bati-Mpo’o remontent au IIe siecle avant notre ère en Ethiopie; en Nubie et dans la Vallée du Nil. Mais avec la chute des pharaons, une premiere grande migration les conduisit en Afrique de l’Ouest et aux abords du Lac Tchad autrefois gigantesque où ils fondent le puissant empire NGEE-SIMBA, les hommes -pantheres, guerriers et protecteurs. Cet empire et selon le Prince Dika Akwa ne peut resister longtemps aux persecutions et invasions arabes. Cela les obligea à descendre davantage vers le Sud pour se sedentariser à Ngog Lipondo vers le 11e siecle de notre ère. C’est pourquoi Ngog-Lipondo, encore appelée Ngog-Lituba ou Ngog Etuben et même Mbombolè pour les Ɓati reste pour les premiers peuples qui l’ont occupé, le nombril et le point de depart de leur histoire dans le Cameroun moderne.
Les Ɓasa’a sont un peuple Bantou autochtone du Cameroun qu’on retrouve jusqu’en Afrique de l’Ouest mais qui reconnaisent tous avoir la même origine. Ils sont unanimes sur l’unité de leur descendance et se reconnaisent comme les fils de MBAN dont la dislocation remonte aux mouvements migratoires et à la colonisation.
Selon la methode genealogique, ils sont originaires de la NUBIE en Egypte et ont dû fuir les persecutions dans la Vallée du Nil pour se refugier à Ngog Lituba où ils signé une alliance de protection Basa’a Bati Mpo’o contre les envahisseurs venus du Nord.
Au Cameroun actuel, 129 clans(voir tableau ci dessous) sont identifiés comme la descendance de MBAN:
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Les Elog (ceux de...ou descendants de) MPO’O sont un groupe ethnique repartit en plusieurs clans ou lignages majeurs plus ou moins autonomes les uns des autres. On les recontre essentiellement dans 3 regions (Centre; Littoral; Sud) et dans 6 départements (Wouri; Moungo; Nkam; Sanaga- maritime; Nyong & Kellé; Océan).
Les 14 clans MPO'O
Selon la méthode historico-généalogique, les données disponibles relatent qu'après avoir vécu à NGOG-LITUBA, NNANGA MBANG NGUE, surnommé MPO'O, sa descendance ainsi que celle de ses frères NJOB MBANG NGUE, NSOO MBANG NGUE et MPECKE MBANG NGUE amorcèrent il y a environ 600 ans, un mouvement migratoire vers la côte. Depuis ce demi-millénaire, le peuple aujourd'hui connu sous l'appellation ELOG MPO'O a essaimé dans la partie Sud-Ouest du Cameroun. Vous trouverez la liste des clans dans la section suivantes
Certains de ces clans s'expriment dans une langue de souche "Ati" (Beti) et sont connus sous l'appellation Bakoko. D'autres sont Basa’aphones et en cela, assimilés aux Basa’a avec lesquels, au demeurant, ils cohabitent territorialement et culturellement. De par leur position géographique dans la région côtière, les ELOG MPO’O se trouvent parmi les premiers peuples à être en contact avec la civilisation occidentale, à en subir les influences et à embrasser le christianisme. Ainsi ont-ils apporté très tôt une contribution importante à la construction de la nation et au développement du pays à travers hauts fonctionnaires, enseignants et cadres de la première administration. On sait par exemple que le premier pasteur local de l'église de Bâle fut le Rev. Josua DIBOUNDOU, un YAPOMAN. D'autre part, le premier chrétien catholique camerounais André MBANGUE, était un YABIANG. Enfin, quatre des huit premiers prêtres camerounais étaient des ELOG MPO'O. Il s'agit de l'Abbé Joseph Antoine MELONE (YAKALAG), Jean Oscar AOUE (ADIE), Oscar MISSOKA (YAKALAG) et Simon MPECKE, dit Baba Simon (ADIE) que l'église catholique romaine vient de canoniser en 2023. Il repose pour l'éternité à la mission catholique d'Edéa.
La fête commémorative coutumière et traditionnelle des ELOG MPO'O remonte donc à plus de cinq siècles. Elle aurait été instituée lors de la dispersion des clans à Ngog Lituba après les bénédictions du patriarche NGUE NNANGA. Cette bénédiction était matérialisée par trois scarifications sur la poitrine de tous les hommes et jeunes garçons capables de discrétion. La perpétuation et la pérennisation de ce rite devaient se pratiquer chaque année au début de la saison sèche (Mipam mi ēssé). La pratique en soi donnait lieu à des manifestations diverses transformées plus tard en des rites de passage dans les sociétés secrètes et cultes d'action de grâce pour célébrer les récoltes, implorer les mânes et les esprits célestes afin d'attirer les bénédictions sur les hommes, les familles et les cultures. Le pouvoir d'opérer ce rite constitue un des éléments fondamentaux du patrimoine Mpo’o. Les Ba Mpèpèe ou Ba Mbobog, grands initiés ainsi que les membres de la société secrète du NJEE sont les principaux gardiens de ce patrimoine.
La fête du Mpo’o est le culte du souvenir de l'ancêtre commun MPO'O. C’est un vibrant rappel de l'unité et de l'identité socio-culturelle des ELOG MPO'O. C’est pourquoi, en mémoire de lui, le mois de décembre de chaque année a été retenu pour le célébrer et transmettre sa mémoire aux jeunes générations. La fête du MPO’O est un moment de grande communion annuelle.
C’est les descendants de ADIE, fils de LIKANDE, fils de MPO’O. Autochtones de la ville d’Edéa, ils peuplent aussi le Nord de Kribi et s’expriment en Bakoko. Leur interpénétration avec les Basa’a (en réalité, Mbénè) voisins a longtemps entretenu une regrettable confusion et les fit passer pour des Basa’a qu’ils ne sont pas. La prépondérance de l’idiome Basa’a dans la ville d’Edéa est autant une conséquence de l’exode rural que des douloureux évènements liés sux luttes d’indépendance ayant décimé le pays Babimbi, faisant d’Edéa une ville refuge.
Descendants de NJOB MBANG NGUE,jeune frère de MPO’O, ils peuplent les arrondissements de Bipindi; Messondo et Ngog Mapubi. Ils s’expriment en Basa’a. Selon certaines sources, ils auraient en commun avec les NDOG BISO’O et les YABII d’étre des « freres de case », c’est à dire que leurs mères etaient co-épouses( Mikomba) dans la cuisine de la mère de NJOB.
Ils se composent de deux sous-groupes dont les YAPEKE, déscendants de PEKE MBANG NGUE, jeune frère de MPO’O et les YABIANG, descendants de BIANGUE NNANGA MBANG, fils de MPO’O. En fait, c’est l’oncle et le neveu. Ils peuplent l’arrondissement de Bibombari et s’expriment en Bakoko.
Ils sont à tort reduits à la seule dimension des YAPOMAN. En plus de ce lignage, ils sont les déscendants de POMANE, fils de MPAM, fils de MPO’O. Ils peuplent l’arrondissement de Douala 3e et s’expriment en Bakoko. La legende mondiale du football, Roger Milla en est un ressortissant.
Ils sont les descendants de NSOO MBANG NGUE, jeune frère de MPO’O. Ils peuplent le district de Nyanon dans l’arrondissement de Ndom et s’expriment en Bakoko. Ils sont les seuls à n’avoir pas émigré loin de NGOG-LITUBA, le berceau commun des Mɓene-Bati-Mpoo.
Ils peuplent le district de Nord Makombè, Arrondissement de Nkondjock dans le Departement du Nkam. Les avis divergent quant au segment lignager auquel ils se rattachent même si leur filiation MPO’O n’est point remise en question. Ils seraient les neveux de MBANG. Pour d’autres, ils seraient des cousins germains.
Cest les oncles de MPO’O. Le segment lignager auquel ils appartiennent se situe au niveau de NGUE NNANGA, grand père de MPO’O. Ils peuplent l’arrondissement de Nkondjock et s’expriment en Bakoko.
Ils sont les descendants de BISSO, fils de ANG fils de MPO’O. Ils peuplent les arrondissements de Bipindi; Edea et Messondo. Ils s’expriment en Basa’a.
Descendants de MBAMBO, fils de MPAM, fils de MPO’O. Comme leurs frères ADIE, leurs interpénétrations avec les LONGASSE voisins ont entretenu la confusion sur leur appartenance ethnique. Ils peuplent l’arrondissement de Dizanguè et parlent en Basa’a.
Descendants de BII, fils de LIKAKI fils de MPO’O. On les retrouve à Edea; à Messondo et au Nord de Kribi. Ils s’expriment en Basa’a.
Ce sont les descendants de KALAKE dont le nom etait MPAM, fils de MPO’O. On les retrouve à Dizanguè et à Mouanko. Leur langue c’est le Bakoko. Sur la plan touristique, sa côte atlantique et sa plage de Ƴòò-Ƴoo est citée comme la plus belle du Cameroun.
Descendants de NGANGOE dit LISUKE, fils de LINYIMA, fils de MPO’O. On les retrouve à la pointe sud de l’arrondissement d’Edéa en bordure du Nyong. Ils s’expriment en Bakoko. En raison de leur enclavement dans une region réputée rude, ils ont conservé une langue exempte d’emprunts.
Descendants d’EKOUM fils de MPACK fils de MPO’O. Ils sont très peu et partagent le même territoire que les YASUKU avec lesquels on les confond souvent. Ils s’expriment en Bakoko et leurs parents plus proches, c’est les ADIE.
C’est les frères consanguins des Ndog BISO’O. Mbong était l’aîné et Bisoo le cadet. Ils peuplent les Canton Adiè; Yakalak; Yassoukou; Yabii; Ndog Bisoo; Ndog Njéé 2 et certains hameaux. Leur ancêtre fondateur était *MBONG , fils de ANG , fils de MPO’O. Ils s’expriment en Bakoko et en Bassa.
Source : M. Dupong, Anthropologue, conseiller à l’ ACTEM
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